Prima a le plaisir de participer à la section INVITED d’Art Brussels avec un dialogue entre Helena Minginowicz (Pologne, basée à Poznań) et Luca Resta (Italie, basé à Paris), articulé autour de la notion du « disposable » : l'objet jetable, l'éphémère devenu norme, reflet exacerbé de nos sociétés de consommation. Dans une démarche rappelant l'esprit critique de l'Arte Povera, les deux artistes interrogent ce que nous considérons digne d'être vu ou préservé, posant la question : « Que regardons-nous vraiment ? ».
Tous deux revisitent et subvertissent les codes esthétiques dominants, donnant aux motifs et matériaux considérés comme insignifiants une nouvelle présence artistique.
Luca Resta, sculpteur, pousse à l’extrême le vertige de la série. À la manière d'un archéologue contemporain, il collecte des objets quotidiens destinés à être jetés – couverts jetables, emballages plastiques, cartons, barquettes alimentaires – et les fige méticuleusement dans des matériaux nobles et pérennes comme le marbre. Ce basculement ironique du jetable vers l’éternel crée un dialogue subtil entre consommation débridée et valeur esthétique durable, tout en évoquant les excès d'une société prise dans un cycle sans fin de production et de déchet.
Helena Minginowicz peint à l’aérographe sur des supports fragiles, souvent négligés – serviettes en papier, masques cosmétiques usagés, sacs plastiques. Ses œuvres captent l’éphémère avec une déroutante délicatesse. Elle explore également des motifs surprenants : autoportraits troublants, mains repoussantes aux ongles exagérément longs, mains glissées dans des gants plastiques ou encore sacs plastiques ornés de têtes de chiens ou de chevaux. Par ces représentations, elle questionne frontalement la notion de « bon goût » et défie les normes esthétiques conventionnelles, en proposant un regard alternatif sur ce que nous choisissons d’accepter ou de rejeter visuellement.
